Hausse des taux : quel impact sur le financement des TPE/PME ?

Mis à jour: 27 septembre 2023
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La hausse rapide des taux d’intérêt renchérit le coût du crédit bancaire de façon significative. Pour les petites entreprises, c’est une épreuve supplémentaire à surmonter, après des années marquées par la crise sanitaire, l’envolée des prix des matières premières et de l’énergie, et l’inflation. Quelles sont les conséquences sur leur financement ? Sur leur capacité d’emprunt ? Existe-t-il une alternative plus accessible que l’emprunt bancaire ?

La hausse des taux d’intérêt que nous vivons depuis plus d’un an vise à resserrer la politique monétaire afin de contrer l’accélération de l’inflation. Les résultats sont au rendez-vous : l’inflation, qui dépassait 10 % à l’automne dernier, a été ramenée aux alentours de 5 % à la fin de l’été.

Pourquoi la hausse du taux directeur de la BCE impacte les taux d’intérêt ?

La situation restant fragile, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé de relever à nouveau son taux le 14 septembre 2023 pour l’établir à 4 %. C’est la dixième fois qu’une telle hausse intervient depuis juillet 2022, du jamais vu. Le taux devrait rester à ce niveau historique sur le moyen terme, le temps que l’inflation se stabilise aux alentours de 2 %. Un niveau d’inflation censé être ni trop faible, ni trop élevé, pour permettre un fonctionnement sain de l’économie. Le taux de la BCE, aussi appelé taux directeur, est le taux appliqué aux prêts qu’elle accorde aux banques commerciales de la zone euro. Il a donc une influence directe sur le taux d’intérêt des crédits que ces banques accordent à leurs clients, particuliers comme entreprises.

Hausse du taux d’usure, une protection adaptée à l’état du marché

De son côté, la banque de France a relevé le 1er septembre 2023, pour la huitième fois consécutive, le taux d’usure. Ce taux correspond au taux d'intérêt maximum que les établissements de crédit peuvent appliquer dans le cadre d’un prêt. Jusqu’à la fin de l’année, il n’est plus calculé tous les trimestres mais tous les mois : les banques peuvent donc relever plus rapidement leurs taux d’intérêt, ce qui les rend moins frileuses à octroyer des prêts. A contrario, cela renchérit le coût du crédit pour l’entreprise emprunteuse. L’objectif est de concilier une politique monétaire rigoureuse tout en protégeant les emprunteurs contre des taux d’intérêts excessifs.

Le coût du crédit, un frein à l’investissement ?

Toute entreprise doit prendre en compte ses coûts de financement (intérêts et marges de crédit) pour évaluer sa capacité à rembourser un prêt. Et ce d’autant plus quand les taux d’intérêt s’envolent.

Pour l’heure, l’impact de la hausse des taux semble maîtrisé. L’enquête de conjoncture à mi-2023 menée par Bpifrance Le Lab révèle que l’accès des TPE et PME au financement « reste relativement souple: 12 % d’entre elles déclarent rencontrer des difficultés pour financer leur trésorerie (+1 point en six mois) et 11 % pour financer leurs investissements (stable sur le semestre), des proportions proches de celles observées avant la crise sanitaire. »

Toutefois, pour ces entreprises qui sont passées d’un taux de crédit bancaire d’environ 1,5 % à plus de 4 %, le coût du crédit devient le principal obstacle à l’investissement, tous secteurs confondus. Il est cité par près de la moitié des entreprises (48 % , contre 19 % un an plus tôt). En effet, rentabiliser un investissement devient plus hasardeux quand son coût augmente. La faiblesse de la demande est un autre obstacle important, lui aussi cité par 48 % des TPE-PME.

La trésorerie et les économies au cœur des préoccupations

La trésorerie de ces petites entreprises reste toutefois à un niveau favorable : elle s’est dégradée depuis 18 mois, mais après une situation historiquement bonne en 2021. 25 % d’entre elles trouvent leur situation de trésorerie difficile, 15 % aisée et 60 % normale. L’étude souligne que les TPE-PME sont « nettement moins pessimistes qu’en novembre dernier sur l’évolution future de leur trésorerie », sans doute grâce à la détente des prix de l’énergie au moment de l’enquête (mai-juin 2023). De plus, plus de la moitié des entreprises envisagent d’augmenter leurs prix de vente en 2023 pour « amortir la hausse des coûts sur leur situation financière ».

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Pour financer leur activité, les TPE-PME sont de plus en plus nombreuses à puiser dans leur PGE : 64 % de celles qui en ont souscrit un l’ont consommé dans sa majorité. Le risque de non-remboursement des PGE reste limité, à 4 % d’après les répondants. Elles recourent aussi aux économies pour limiter leurs dépenses, notamment via des actions de sobriété énergétique. Nombre d’entre elles comptent les pérenniser. C’est un moyen de se mettre à l’abri de la volatilité des cours de l’énergie – le bouclier tarifaire mis en place pour venir en aide aux entreprises doit prendre fin le 1er janvier 2024 – et de préserver la solidité de leur compte d’exploitation.

Un recours au crédit stable malgré tout

D’après les données de la Banque de France, à fin août, la proportion d’entreprises ayant sollicité de nouveaux crédits au 2e trimestre 2023 est stable. Concernant les nouveaux crédits d’investissement, la demande est stable pour les TPE et en légère augmentation pour les PME. Et les taux d’obtention des demandes de crédits restent très élevés : 87 % des TPE et 97 % des PME obtiennent leur crédit en totalité ou au moins à 75 %. Quant aux nouveaux crédits de trésorerie, ils sont stables à un niveau bas pour toutes les tailles d’entreprises. Là, en revanche, le taux d’obtention baisse pour les PME (83 % contre 86 % au premier trimestre) mais augmente à 75 % pour les TPE.

La Banque de France signale aussi que « la proportion d’entreprises déclarant une hausse du coût global du crédit par rapport à leurs précédentes demandes de crédit continue d’augmenter, toutefois avec une moindre ampleur qu’aux trimestres passés ». Les PME sont 63 % à le constater au 2e trimestre 2023.

Quelle alternative à l’endettement ?

Une politique monétaire restrictive menée dans le contexte d’un ralentissement de l’inflation rebat les cartes : tant que les prix augmentaient, les taux d’intérêts réels, c’est-à-dire corrigés de l’inflation, restaient négatifs. Ils deviendront positifs dès lors que l’inflation fléchira, ce qui engendrera un alourdissement de la dette.

D’autres modes de financement doivent donc être trouvés. L’Observatoire du financement des entreprises, dans son étude « Le financement des entreprises dans un contexte de crises », publié en juin 2023, mentionne l’intérêt de l’affacturage pour financer le besoin en fonds de roulement (BFR). « Parmi les modalités de financement du BFR susceptibles de fournir une réponse aux tensions sur la trésorerie figure en particulier l’affacturage, qui connaît une croissance soutenue », souligne l’étude.

L’affacturage, un outil souple pour les TPE/PME

Les sociétés d’affacturage sont des partenaires financiers qui, au même titre que des banques, établissements financiers spécialisés de crédit-bail, de caution, les assureurs-crédit, etc. permettent de renforcer les capacités d’anticipation et d’adaptation des entreprises, notamment dans un contexte d’incertitude. L’affacturage est un moyen de faciliter la gestion de la trésorerie, d’éviter des tensions de trésorerie en mobilisant le poste-client, tout en se protégeant du risque de retard de paiement.

Cette technique de financement souple permet à une entreprise d’encaisser ses factures dès leur émission, sans attendre la date d’échéance. Le recouvrement de créance est effectué par un affactureur (ou factor) qui, moyennant une commission, prend en charge la gestion du compte client de l’entreprise.

En 2022, 33 000 entreprises y ont eu recours. Cette technique de financement est particulièrement adaptée aux TPE et PME qui représentent la grande majorité des clients de l’affacturage.