Restructuring : Anticiper, la clé pour surmonter les difficultés de trésorerie

Mis à jour: 20 février 2024
Bibby Financial Services
Bibby Factor France

En ce début 2024, plusieurs indicateurs sont en berne : la croissance économique est atone, le taux de chômage est reparti à la hausse, les taux d’intérêt restent à un niveau élevé. Conséquence : les défaillances d’entreprises sont en forte augmentation. Pour les TPE et PME fragilisées, c’est le moment de faire appel au restructuring pour être en capacité de redresser la barre avant qu’il ne soit trop tard.

En 2023, plus de 57 700 défaillances d’entreprises ont été enregistrées selon la société Altares : une augmentation de 36 % par rapport à 2022, qui avait déjà connu une progression de 49 %. Le dernier trimestre 2023 est particulièrement sombre, avec 16 800 défaillances. La situation concomitante d’inflation, de baisse de la consommation, de taux d’intérêts élevés pèse lourdement sur la trésorerie des entreprises. Le gouvernement a prolongé jusqu’en 2026 la possibilité de renégocier les prêts garantis par l’Etat lancés pendant la crise sanitaire. Toutefois, la dette des entreprises pourrait en pâtir, les taux de crédit étant bien plus élevés qu’en 2020 ou 2021. Le durcissement de l’accès au crédit bancaire en 2023 est d’ailleurs déjà responsable du freinage des investissements pour 56 % des dirigeants de TPE et PME d’après Bpifrance Le Lab.

Être lucide face aux incertitudes

Les chefs d’entreprise ont bien conscience des risques encourus : d’après le baromètre des entreprises françaises 2024 d’Euro Group Consulting/Chambre de commerce et d’industrie, ils  « oscillent entre confiance (26 %) et incertitude (35 %) » alors qu’ils étaient 75 % dans l’expectative en 2023. La rentabilité est un défi prioritaire pour 45 % d’entre eux et 70 % estiment que les risques majeurs sont économiques et financiers.

En cette période mouvementée, ils devront être particulièrement attentifs au suivi de leur tableau de bord. Car, comme les spécialistes du financement des entreprises le répètent souvent : l’anticipation des difficultés est la clé pour éviter qu’une dégradation de la situation financière soit fatale à la vie de l’entreprise.

Le restructuring, ou comment retourner la situation

Si les indicateurs virent au rouge, il est urgent de faire appel à du restructuring. Ce dernier peut être défini comme le fait de restructurer ou réorganiser une entreprise en difficulté en vue de la sauver. L’enjeu est d’identifier et d’agir sur ses points faibles – des problèmes d’exploitation, de trésorerie, des difficultés financières… – suffisamment tôt pour la remettre sur la voie de la rentabilité. Plus les difficultés seront prises en compte tardivement, plus le risque de licenciements ou de dépôt de bilan sera grand.

Cette expertise de restructuring est délivrée par les professionnels spécialisés dans l’accompagnement des entreprises qui disposent des compétences techniques pour conseiller les dirigeants en période de crise. Concrètement, ils interviennent dans trois cas de figure : en dehors d’une procédure au tribunal de commerce, dans le cadre d’une procédure amiable, ou enfin dans celui d’une procédure collective.

Le restructuring peut être de plusieurs natures

  • Stratégique : dans ce cas on s’intéresse au positionnement de l’entreprise sur son marché, dans une démarche de long terme.
  • Opérationnel et social : il consiste à revoir l’organisation de l’entreprise et à établir un plan social si nécessaire.
  • Financier : pour remédier à la dégradation financière de l’entreprise.

Ce dernier est utile quand la situation financière se détériore significativement, ce qui peut se manifester par un ou plusieurs indicateurs : une trésorerie négative, un besoin en fonds de roulement important, un taux d’endettement élevé… Dans ce cas, le restructuring consiste à établir un diagnostic précis de la situation financière de l’entreprise pour comprendre comment et pourquoi elle s’est dégradée. Puis à analyser son besoin de financement pour mettre en place les actions de redressement nécessaires.

Anticiper ses besoins de trésorerie avec l’affacturage

La gestion de la trésorerie est fondamentale pour garantir la santé financière de l’entreprise. Cela nécessite de suivre de près les dépenses et les recettes, en anticipant les échéances de paiement et de remboursement de prêts, mais aussi en scrutant avec soin son poste client. Les retards de paiement ou impayés peuvent en effet mettre à mal la trésorerie et générer des augmentations de besoin en fonds de roulement. La détérioration des comportements de paiement observée en 2023 explique d’ailleurs en partie la nette augmentation des défaillances d’entreprises.

Des solutions bancaires ou alternatives, telles que l’affacturage, permettent de se prémunir des défauts de paiement et contribuent à consolider la trésorerie des entreprises. Le recouvrement de créances par un affactureur (ou factor) n’est pas réservé aux sociétés en difficulté : nombre d’entreprises de toutes tailles font désormais appel à l’affacturage de manière régulière, pour combler leur niveau de trésorerie. Bien entendu, il cette solution de financement peut s’avérer particulièrement utile pour des entreprises dont les indicateurs se dégradent et qui ne parviennent pas à accéder aux lignes de crédits bancaires.

Lien vers https://www.bibbyfactor.fr/centre-de-competences/blogs/2020/affacturage-pour-mon-entreprise

Pourquoi privilégier les procédures amiables ?

En cas de retard de trésorerie significatif, et sans attendre qu’il s’amplifie, il est conseillé d’ouvrir une procédure amiable, sous forme de mandat ad hoc ou de conciliation. Ces deux procédures ont le même objectif : la négociation amiable et confidentielle des dettes de l’entreprise. Contrairement aux procédures collectives (plan de sauvegarde, redressement judiciaire et liquidation judiciaire), les procédures amiables ne nécessitent pas de recourir au cadre judiciaire. Elles sont également moins coûteuses. Le dirigeant garde la main sur la gestion de l’entreprise et, bien que le Tribunal de commerce mette en œuvre la procédure, celle-ci ne donne lieu à aucune publication. Le dirigeant n’est pas obligé d’informer ses partenaires commerciaux et financiers ni ses collaborateurs de l’engagement d’une procédure amiable. Ces procédures préventives sont donc propices à l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie de financement de l’entreprise de manière discrète. Elles se distinguent dans leur mise en œuvre : le mandat ad hoc peut être activé dès l’apparition de difficultés dans l’entreprise, tandis que la conciliation peut être sollicitée en cas de difficulté juridique, économiques ou financière, avérée ou prévisible. Elle ne peut toutefois pas être demandée si l’entreprise est en situation de cessation des paiements depuis plus de 45 jours.

Dans le cas d’un mandat ad hoc, un mandataire ad hoc est nommé pour l’aider à négocier le rééchelonnement de ses dettes avec ses principaux créanciers. Dans le cas d’une conciliation, un administrateur judiciaire a pour mission de trouver un accord avec les créanciers.

En France, l’écrasante majorité (plus de 90 %) des sociétés recourant à une procédure collective ou préventive sont des entreprises de moins de 10 salariés, sans doute parce que leur capacité d’anticipation est plus faible que celle des sociétés de plus grande taille. Les procédures collectives mènent dans 70 % des cas à une liquidation directe d’après les données du Conseil national des administrateurs judiciaires et des mandataires judiciaires. En revanche, le taux de succès des procédures amiables est bien supérieur : il atteint 70 % à 80 % d’après le Tribunal de commerce de Paris. En 2023, le nombre de procédures amiables devrait dépasser légèrement les 7 500 enregistrées en 2022.

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Allier affacturage et procédure amiable

Pendant toute la durée d’une procédure amiable, l’entreprise disposant d’un contrat d’affacturage continue de bénéficier des services de financement et de recouvrement de ses créances de son affactureur et de ses conseils pour éviter les tensions de trésorerie. Par ailleurs, la mise en place de la solution d’affacturage est tout à fait possible postérieurement à l’ouverture de la procédure. Disposer d’un contrat d’affacturage est donc un moyen de rassurer les créanciers sur la capacité de l’entreprise à anticiper ses besoins de financement en maintenant sa trésorerie.